Germanicus : Le Père de Caligula et Héros de Rome

Germanicus (15 av. J.-C. – 19 apr. J.-C.) était un général et homme politique romain, célèbre pour ses victoires militaires et sa popularité au sein de l’armée et du peuple. Il était le père de l’empereur Caligula et le neveu et fils adoptif de l’empereur Tibère.

La mort de Germanicus, tableau de Nicolas Poussin, 1627.

Germanicus fut l’une des figures les plus captivantes du début de l’Empire romain. Il appartenait à la prestigieuse dynastie julio-claudienne, fondée par le premier empereur romain, Auguste. Jeune, charismatique et populaire, il remplissait toutes les conditions pour accéder à la pourpre impériale.

Commandant militaire accompli, il réprima la révolte illyrienne et mena plusieurs campagnes contre les Germains au-delà du Rhin. C’est dans les forêts de Germanie que Germanicus vengea le désastre de Teutobourg en récupérant les aigles légionnaires perdues.

Fils adoptif de l’empereur Tibère et héritier potentiel, Germanicus bénéficia d’une ascension politique rapide, occupant les fonctions de questeur, consul et gouverneur de plusieurs provinces. Admirateur d’Alexandre le Grand, il se rendit en Égypte pour honorer son idole.

C’est en Orient, en Syrie, que Germanicus trouva la mort. En 19 apr. J.-C., il mourut à Antioche dans des circonstances suspectes. Il ne put donc jamais monter sur le trône, mais son héritage survécut en son plus jeune fils, le futur empereur Caligula.

Le Père de l’Empereur Caligula

Germanicus Julius Caesar, père du futur empereur Caligula, était l’enfant prodige de la première famille impériale romaine, la dynastie julio-claudienne. Né en 15 av. J.-C. de Nero Claudius Drusus et d’Antonia Minor, nièce de l’empereur Auguste, il semblait destiné à la grandeur dès sa naissance.

Auguste partageait apparemment cette opinion, car après la mort de son successeur désigné, Caius César, l’empereur envisagea brièvement Germanicus comme héritier. Cependant, sa femme, Livie, le convainquit de choisir plutôt son beau-fils Tibère.

Mais les perspectives impériales de Germanicus ne s’arrêtèrent pas là. Dans le cadre du processus de succession impériale, Auguste exigea que Tibère adopte Germanicus. Ainsi, le jeune homme devint le second dans l’ordre de succession.

Un Général Brillant

Germanicus
Tête en marbre de Germanicus, découverte en 1844 au cœur de la ville de Béziers (France), où se trouvait autrefois le Forum de la Colonia Julia Baeterrae Septimanorum. Datée d’environ 14-23 apr. J.-C., elle est aujourd’hui conservée au Musée Saint-Raymond à Toulouse.

Peu après avoir été nommé questeur en 7 apr. J.-C., soit cinq ans avant l’âge légal de 25 ans, Germanicus partit pour l’Illyrie afin d’aider son père adoptif, Tibère, à réprimer la rébellion des Pannoniens et des Dalmates. La suppression de cette révolte prouva ses talents de commandant militaire. En 13 apr. J.-C., il fut nommé proconsul de la Germanie inférieure, de la Germanie supérieure et de toute la Gaule. Ce poste lui conféra le commandement de huit légions, soit un tiers de toute l’armée romaine.

Désireux de venger la défaite romaine de Teutobourg en 9 apr. J.-C., Germanicus mena ses troupes au-delà du Rhin. Il récupéra deux des trois aigles légionnaires perdues, symboles de l’honneur et du prestige militaire romain.

Craignant que la popularité de Germanicus parmi les légions ne menace son autorité, l’empereur Tibère le rappela à Rome en 17 apr. J.-C., lui accordant toutefois la plus haute distinction militaire : le triomphe.

Germanicus et le Prestige Romain

Le nom Germanicus n’était pas son nom de naissance, mais un agnomen, un titre honorifique ajouté au nom officiel en 9 av. J.-C. Ce titre fut en réalité attribué à son père à titre posthume, en reconnaissance de ses victoires en Germanie, la région située de l’autre côté du Rhin. L’agnomen Germanicus signifie « l’Homme des Germains » ou « le Conquérant des Germains ».

Germanicus justifia cet honneur en menant trois campagnes contre les tribus germaniques. Ses victoires les plus éclatantes eurent lieu en 16 apr. J.-C., lors de la bataille d’Idistaviso et de celle du mur des Angrivarii, près de l’Elbe. Il poussa même plus loin ses conquêtes en dirigeant une expédition navale le long des côtes de la mer du Nord, explorant et soumettant les tribus locales.

Cependant, malgré ces succès, la conquête de la Germanie était jugée trop coûteuse par rapport aux faibles bénéfices qu’elle pouvait offrir. Néanmoins, ses campagnes permirent de panser la plaie du désastre de Varus et de restaurer le prestige romain.

Germanicus, le Nouvel Alexandre le Grand ?

Germanicus n’était pas qu’un homme de guerre ; il était aussi passionné d’histoire. En route vers la Syrie, où il devait prendre le commandement des forces orientales, il fit halte en Grèce, où il visita le site d’Actium, théâtre de la victoire qui permit à son grand-oncle Octavien de devenir l’homme le plus puissant du monde romain. Il se rendit également à Troie, la cité légendaire de son ancêtre mythique Énée, lui-même ancêtre de Romulus et Rémus et, par extension, du peuple romain.

En voyageant vers l’Est, Germanicus suivait les traces de son idole, Alexandre le Grand. Il n’est donc pas surprenant que, lors de son séjour en Égypte en 19 apr. J.-C., il ait fait un pèlerinage au tombeau du célèbre conquérant à Alexandrie. Il se montra particulièrement admiratif de cette terre et de son histoire, profitant de l’occasion pour naviguer sur le Nil et visiter les sites antiques de l’Égypte pharaonique.

Cependant, son voyage en Égypte provoqua la colère de Tibère, car il viola un ordre édicté par Auguste interdisant à tout sénateur de se rendre dans cette province sans l’autorisation impériale.

Il Est Mort dans des Circonstances Suspectes

En 17 apr. J.-C., Germanicus reçut l’imperium maius, un commandement suprême en Asie, qui plaçait tous les gouverneurs et commandants locaux sous son autorité. Sa mission consistait à rétablir l’ordre dans cette région troublée et à maintenir la paix avec la Parthie, la grande rivale de Rome. Il se rendit dans le royaume client d’Arménie, où il couronna un nouveau roi. Il transforma également les royaumes de Cappadoce et de Commagène en provinces impériales.

Cependant, le gouverneur de Syrie, Gnaeus Calpurnius Piso, défia et s’opposa ouvertement à Germanicus, sapant systématiquement son autorité. Leur querelle s’intensifia au point que Germanicus ordonna le rappel de Piso à Rome. Quelques jours plus tard, après avoir assisté à un banquet à Antioche, le 10 octobre 19 apr. J.-C., Germanicus tomba gravement malade et mourut. Il n’avait que 34 ans.

Sur son lit de mort, Germanicus accusa Piso de l’avoir empoisonné. Selon les récits de Tacite, Suétone et Dion Cassius, Piso aurait agi avec l’accord de l’empereur Tibère, jaloux de son fils adoptif. Toutefois, il est possible que Tibère n’ait pas été impliqué et que Germanicus ait plutôt été victime de Séjan, le puissant chef de la garde prétorienne, qui exerçait alors une influence considérable sur l’Empire.

Quoi qu’il en soit, sa mort fut suivie d’une purge qui entraîna la disparition de la plupart des membres de sa famille. Cependant, son plus jeune fils, Caligula, survécut et, à la mort de Tibère, devint empereur en 37 apr. J.-C., perpétuant ainsi l’héritage de Germanicus.