Hadrien : Un Règne Marqué par la Consolidation et la Culture

Hadrien (76 – 138 apr. J.-C.), de son nom complet Publius Aelius Hadrianus, fut empereur romain de 117 à 138 apr. J.-C. et est surtout connu pour sa politique de consolidation de l’Empire, ses réformes administratives et son amour pour la culture grecque.

Hadrien

La période allant du règne de Trajan à la mort de Marc Aurèle, de 98 à 180 apr. J.-C., est souvent considérée comme l’apogée de l’Empire romain. Cette époque fut reconnue comme un âge d’or, en partie grâce à la qualité des empereurs qui s’y succédèrent. Elle débuta sous Trajan, l’Optimus Princeps, et fut marquée par une particularité notable : tous les empereurs de cette période adoptèrent leur successeur.

N’ayant pas d’héritiers biologiques, ils choisirent parmi les meilleurs hommes disponibles, donnant l’impression que le mérite, plutôt que la filiation, guidait la succession impériale.

Parmi ces empereurs, Hadrien (r. 117-138 apr. J.-C.) fut sans doute le plus controversé. Son règne fut une période de magnificence culturelle et d’expression artistique romaine, mais aussi de conflits et de tensions.

L’Ascension d’Hadrien : Comment Devint-il Empereur ?

Hadrien
Hadrien, 117 après J.C – 138 après J.C. Credit : Wikimedia.

Né en 76 apr. J.-C., Hadrien était originaire d’Italica (près de l’actuelle Séville), comme Trajan, et appartenait à une famille aristocratique d’origine italienne. Son père était le cousin germain de Trajan. Orphelin à l’âge de 10 ans, Hadrien fut pris en charge par son illustre parent, qui allait devenir empereur. Son éducation fut celle d’un jeune aristocrate, marquée par des études approfondies et la progression à travers le cursus honorum, la carrière traditionnelle des sénateurs romains.

Engagé dans l’armée, Hadrien fit ses premières armes en tant que tribun militaire et fut ainsi témoin des rouages du pouvoir impérial. C’est lui qui annonça à Trajan son adoption par Nerva en 96 apr. J.-C., une manœuvre destinée à stabiliser l’Empire après l’assassinat de Domitien. Plus tard, il accompagna Trajan lors des campagnes daciques et parthes, se forgeant ainsi une réputation auprès des légions qu’il commanderait un jour.

Sa proximité avec la famille impériale se renforça autour de 100 apr. J.-C. lorsqu’il épousa Vibia Sabina, petite-nièce de Trajan. Cependant, ce mariage ne semble pas avoir été particulièrement apprécié par l’empereur lui-même. De plus, jusqu’aux derniers instants du règne de Trajan, aucun signe ne laissait penser qu’Hadrien était destiné à lui succéder. L’impératrice Plotine, épouse de Trajan, aurait joué un rôle clé non seulement dans son mariage avec Sabina, mais aussi dans son accession au pouvoir.

Selon certaines sources, ce serait Plotine, et non Trajan lui-même, qui aurait signé l’acte d’adoption confirmant Hadrien comme héritier impérial. Une autre anomalie réside dans l’éloignement géographique des deux hommes au moment crucial : en principe, le droit romain imposait la présence de toutes les parties lors d’une adoption. Pourtant, alors que Trajan mourut en 118 apr. J.-C., Hadrien se trouvait en Syrie.

Les historiens antiques étaient partagés sur la légitimité de cette succession. Cassius Dion souligne l’influence décisive de Plotine, tandis que l’Historia Augusta — œuvre du IVe siècle, souvent divertissante mais peu fiable — affirme qu’« Hadrien fut déclaré adopté, et cela uniquement grâce à une ruse de Plotine… ». De plus, la mort de quatre sénateurs influents peu après l’accession d’Hadrien est souvent perçue comme une preuve supplémentaire de manœuvres politiques douteuses.

Ces tensions avec le Sénat allaient d’ailleurs marquer l’ensemble de son règne, malgré la popularité dont il jouissait ailleurs dans l’Empire.

La Culture Hellénique : Pourquoi Hadrien Était-il Si Fasciné Par la Grèce ?

Il est souvent dit que la relation entre Plotine et Hadrien, si déterminante dans son accession au trône, reposait sur des valeurs et des croyances culturelles communes. Tous deux comprenaient l’Empire romain comme étant fondé sur une culture partagée d’origine hellénique, c’est-à-dire grecque. Depuis sa jeunesse, Hadrien était passionné par la culture grecque, au point de recevoir le surnom de Graeculus (« petit Grec »). Il appréciait notamment le mode de vie et l’habillement des Grecs, portant un manteau grec lors des banquets en présence des sénateurs.

Avant même son accession au pouvoir, Hadrien avait passé un temps considérable en Grèce, notamment dans le cadre de son éducation. Il avait une affinité particulière pour Athènes, où il avait déjà obtenu la citoyenneté et divers honneurs, y compris l’archontat (magistrature suprême de la cité) en 112 apr. J.-C.

Son intérêt pour la Grèce ne faiblit pas une fois devenu empereur. Cela aurait pu être mal perçu à Rome, où l’on se souvenait que le dernier empereur à s’être trop enthousiasmé pour la culture grecque, Néron, avait rapidement perdu le soutien de ses contemporains (notamment en raison de ses performances scéniques).

Pourtant, Hadrien retourna en Grèce lors de sa tournée impériale en 124 apr. J.-C., y revenant encore en 128 et 130 apr. J.-C. Il ne se limita pas à Athènes, mais parcourut l’ensemble du territoire grec, encouragé par les élites locales, notamment le célèbre noble athénien Hérode Atticus.

Ces aristocrates grecs, jusque-là relativement distants du pouvoir romain, furent incités par Hadrien à s’investir davantage dans la vie impériale, rivalisant dans le mécénat de grands projets architecturaux à travers l’Empire. Hérode Atticus, par exemple, laissa une empreinte durable sur le paysage athénien avec plusieurs monuments.

Plus largement, l’attitude d’Hadrien traduit sa vision d’une culture méditerranéenne unifiée. Il participa activement aux cultes hellénistiques, notamment aux mystères d’Éleusis à Athènes. Mais c’est surtout dans l’architecture que sa passion pour la Grèce se manifesta le plus nettement.

Son passage en Grèce coïncida avec d’importants travaux de construction, allant du spectaculaire, comme le Temple de Zeus Olympien à Athènes, à l’utile, comme la construction d’aqueducs et d’infrastructures hydrauliques. Parmi ces réalisations figurait notamment l’amélioration de l’approvisionnement en eau de la ville d’Argos, connue depuis l’Antiquité pour être une cité « assoiffée », comme le décrivaient déjà les poèmes homériques.

Les Frontières Impériales : Pourquoi Hadrien Est-il Connu Comme l’Empereur Voyageur ?

Buste cuirassé d'Hadrien
Buste cuirassé d’Hadrien. Credit : Wikimedia

Presque tous les empereurs romains voyageaient. Ceux qui choisissaient de rester à Rome, comme Antonin le Pieux, étaient en réalité minoritaires. Cependant, ces déplacements étaient souvent motivés par des campagnes militaires : l’empereur se rendait sur le front, remportait la guerre, puis rentrait triomphalement à Rome. En temps de paix, les souverains préféraient généralement gouverner à distance, en s’appuyant sur les rapports de leurs représentants, comme en témoigne la correspondance entre Trajan et Pline le Jeune.

Hadrien, en revanche, se distingue par son goût prononcé pour les voyages. Pour lui, l’itinérance semble avoir été une véritable raison d’être. Il passa plus de la moitié de son règne hors d’Italie, et ses expériences à travers l’Empire laissèrent une empreinte durable sur la culture de l’époque hadrianienne.

Outre ses séjours en Grèce, il parcourut les frontières nord de l’Empire en Bretagne, affronta la chaleur des provinces asiatiques et africaines, et alla jusqu’à Palmyre, un centre commercial florissant à l’est, qui prit temporairement le nom d’Hadriana Palmyre en son honneur. En Égypte, il fit restaurer le tombeau de Pompée le Grand, rival de Jules César, allant même jusqu’à composer une épitaphe en son honneur.

Un aspect fondamental des voyages d’Hadrien fut l’inspection des Limes, les frontières de l’Empire. Contrairement à Trajan, qui avait mené Rome à son extension territoriale maximale avec la conquête de la Dacie et ses campagnes contre les Parthes, Hadrien adopta une politique plus défensive. Il renonça à certaines conquêtes orientales et se concentra sur la consolidation de frontières stables et sécurisées, une décision qui allait durablement influencer la stratégie impériale.

Les Limites de l’Empire : Pourquoi le Mur d’Hadrien a-t-il été Construit ?

Mur d'Hadrien
Mur d’Hadrien. Credit : Steven Fruitsmaak, Domaine public.

Ces frontières impériales sont encore célèbres aujourd’hui. Le Mur d’Hadrien, au nord de l’Angleterre, en est l’exemple le plus emblématique, marquant la limite septentrionale de l’Empire romain. Au-delà s’étendait la Calédonie, un territoire jamais complètement conquis par Rome. Ce mur défensif, sans doute le plus célèbre des frontières romaines, s’étend de Wallsend, sur la rivière Tyne dans le nord-est de l’Angleterre, jusqu’à Bowness-on-Solway à l’ouest, sur une distance de 73 miles (environ 117 km).

Les historiens soulignent que cette construction colossale avait un impact à la fois psychologique et physique. D’un point de vue stratégique, elle servait à contrôler les mouvements de populations et les incursions ennemies. Mais elle symbolisait aussi la puissance de l’Empire et de son empereur, rappelant aux habitants de Bretagne, des deux côtés du mur, la présence romaine et sa capacité à entreprendre des projets monumentaux.

Des structures similaires furent érigées ailleurs dans l’Empire, notamment en Afrique du Nord, où les fossatum Africae marquaient les frontières méridionales. Pourtant, la décision d’Hadrien de renoncer à certaines conquêtes pour mieux sécuriser les frontières ne fit pas l’unanimité : certains Romains critiquèrent cet abandon de l’expansionnisme, perçu comme un affaiblissement de la puissance impériale.

La Seconde Guerre Juive : Hadrien a-t-il Détruit Jérusalem ?

La province de Judée entretint une relation tumultueuse avec Rome. Des tensions religieuses, exacerbées par la gestion souvent brutale des autorités impériales, avaient déjà conduit à des soulèvements, notamment la Première Guerre judéo-romaine (66-73 apr. J.-C.). Ce conflit s’était conclu par le siège et la destruction du Temple de Jérusalem par Titus, fils de l’empereur Vespasien.

Lorsque Hadrien visita la Judée et Jérusalem au cours de ses voyages, la région était toujours marquée par les séquelles de cette guerre. Toutefois, des tensions religieuses latentes éclatèrent de nouveau sous son règne. Comme pour toute province intégrée à l’Empire, l’administration romaine s’attendait à ce que la population participe activement au culte impérial.

Cela ne signifiait pas forcément un renoncement au judaïsme, mais plutôt une coexistence avec le polythéisme romain, notamment à travers le culte rendu à l’empereur. Si cette intégration religieuse était courante dans d’autres provinces, elle entrait en contradiction avec le monothéisme strict du judaïsme.

La problématique Historia Augusta affirme que l’insurrection fut en partie provoquée par une tentative d’Hadrien d’interdire la circoncision. Bien qu’aucune preuve formelle n’existe à ce sujet, cette affirmation illustre le profond fossé entre les croyances religieuses juives et les exigences du pouvoir impérial romain.

L’Empereur Architecte : Quelles Sont les Constructions les Plus Célèbres d’Hadrien ?

Vue d'ensemble du Panthéon.
Vue d’ensemble du Panthéon. Credit : Wikimedia, CC BY-SA 4.0

Ce n’est pas sans raison qu’Hadrien reçut le surnom de Graeculus. Bien que ce surnom lui ait été donné dans sa jeunesse, sa carrière d’empereur témoigne d’un engagement constant et d’un intérêt pour la culture grecque. Cela est particulièrement visible dans l’architecture de l’Empire qui survit de l’époque de son règne. La ville de Rome elle-même doit peut-être sa structure la plus emblématique, le Panthéon, à Hadrien. Ce « temple de tous les dieux », signification littérale de « Panthéon », fut reconstruit par Hadrien après avoir été frappé par la foudre en 110 après J.-C.

Il fut initialement construit par Marcus Agrippa, le bras droit d’Auguste. La reconstruction d’Hadrien est remarquable par le respect qu’elle témoigne à ses origines. Sur le portique figure fièrement l’inscription : M. AGRIPPA. L. F. COS. TERTIUM. FECIT. Traduit, cela signifie : « Marcus Agrippa, fils de Lucius (Lucii filius), consul pour la troisième fois, a construit ceci. » Le respect des bâtisseurs originaux était un thème récurrent dans les projets de restauration d’Hadrien.

Villa d'Hadrien
Villa d’Hadrien. Credit : Wikimedia, CC BY-SA 4.0

Cela contraste fortement avec d’autres empereurs. Directement sous l’inscription d’Hadrien sur le Panthéon, l’empereur Septime Sévère laissa une autre inscription, beaucoup plus longue, célébrant ses propres rénovations (moins substantielles) de la structure. Ailleurs à Rome, il fut responsable du Temple de Vénus et de Rome, face au Colisée, en bordure du Forum Romanum.

En périphérie de Rome, à Tivoli, Hadrien construisit également une vaste villa privée qui couvrait environ sept miles carrés. L’architecture y était magnifique, et même aujourd’hui, ce qui en reste révèle l’opulence et la splendeur de cette ancienne résidence impériale. Les travaux de la villa commencèrent tôt dans le règne d’Hadrien, bien que les preuves fournies par les timbres de briques montrent que les travaux se poursuivirent tout au long de son règne.

De même, des portraits de ses successeurs, d’Antonin le Pieux à Caracalla, ont été trouvés à Tivoli, montrant comment la villa resta une alternative palatiale populaire au Palatin. Plus important encore, la date précoce de construction suggère le désir d’Hadrien de s’éloigner du centre de Rome dès que possible, suggérant la relation tumultueuse que l’empereur entretenait avec l’élite traditionnelle de Rome.

Elle témoignait également de l’influence du cosmopolitisme d’Hadrien. De nombreuses structures de la villa s’inspiraient des cultures de l’Empire, en particulier de l’Égypte et de la Grèce. De même, la décoration sculpturale de la villa témoignait de l’étendue des voyages d’Hadrien et de ses intérêts culturels.

Il y avait des imitations des caryatides, les sculptures distinctives de l’Érechthéion d’Athènes, et des statues du dieu égyptien Bès. Selon l’Histoire Auguste, la reine rebelle de Palmyre, Zénobie, fut autorisée à finir ses jours à Tivoli après avoir été capturée par Aurélien au IIIe siècle.

Typique du règne d’Hadrien, cependant, des tensions couvaient sous la surface, même dans un domaine apparemment aussi bénin que l’architecture. On raconte que sa haute opinion de ses compétences architecturales l’amena à entrer en conflit avec Apollodore de Damas, l’architecte exceptionnel qui avait travaillé avec Trajan et était responsable du merveilleux pont sur le Danube.

Selon Dion, l’architecte offrit des critiques pointues des plans d’Hadrien pour le temple de Vénus et de Rome, ce qui mit l’empereur dans une telle rage qu’il bannit l’architecte avant d’ordonner sa mort.

Sabina et Antinoüs : qui étaient les femmes et les amants d’Hadrien ?

Le mariage d’Hadrien avec Sabine, la petite-nièce de Trajan, était loin d’être un mariage idéal. Ses avantages politiques étaient indéniables, mais en termes de relation entre mari et femme, il laissait beaucoup à désirer. Sabine accumula une multitude d’honneurs publics pendant le règne de son mari, sans précédent depuis Livie, l’épouse d’Auguste et mère de Tibère.

Elle voyagea également beaucoup avec son mari et était bien connue dans tout l’Empire, apparaissant fréquemment sur les monnaies. Un épisode scandaleux dans l’Historia Augusta rapporte que le secrétaire d’Hadrien, le biographe Suétone, fut renvoyé de la cour pour sa conduite trop familière envers Sabine. Cependant, en ce qui concerne le mariage impérial, il semble qu’il y ait eu peu d’amour, voire même de chaleur, entre les deux.

Au contraire, Hadrien, comme Trajan avant lui, préférait apparemment la compagnie des hommes et les relations homosexuelles. Son grand amour était Antinoüs, un jeune homme de Bithynie (nord de l’Asie Mineure). Il accompagna Hadrien dans ses voyages à travers l’Empire, étant même initié aux Mystères d’Éleusis avec l’empereur à Athènes.

Cependant, dans des circonstances mystérieuses, le jeune homme mourut alors que le cortège impérial descendait le Nil en 130 après J.-C. On ignore s’il s’est noyé, s’il a été assassiné ou s’il s’est suicidé, et cela reste sujet à spéculation.

Quelle qu’en soit la cause, Hadrien fut dévasté. Il fonda la ville d’Antinoöpolis sur le site où son grand amour était mort, et ordonna sa déification et son culte. L’importance d’Antinoüs est attestée par la richesse des statues qui ont survécu, montrant que le culte du beau jeune homme s’est répandu dans tout l’Empire. Certains, cependant, critiquèrent l’intense chagrin qu’Hadrien exprima pour Antinoüs, particulièrement au regard de la froideur de son mariage avec Sabine.

L’Héritage d’Hadrien : A-t-il été considéré comme un bon empereur ?

Hadrien passa les dernières années de sa vie à Rome, la capitale impériale, à partir de 134 apr. J.-C. Ses dernières années furent marquées par la tristesse et la mélancolie. Sa victoire dans la Deuxième Guerre romano-juive fut relativement discrète, car l’insurrection marqua un échec dans ses tentatives de créer une culture hellénistique unifiée à travers l’Empire.

De plus, la mort de son épouse Sabine en 136 apr. J.-C. mit fin à un mariage qui avait été essentiellement politique et sans enfants. L’absence d’héritier désigné le laissa dans une situation similaire à celle de son prédécesseur. Il choisit finalement Titus Aurelius Fulvus Boionius Arrius Antoninus, qui régna plus tard sous le nom d’Antonin le Pieux.

À partir de 134 apr. J.-C., il supervisa la construction de ce qui serait son dernier lieu de repos : le Mausolée d’Hadrien. Connu aujourd’hui sous le nom de Castel Sant’Angelo (grâce à sa transformation en forteresse médiévale), cette imposante structure deviendrait le tombeau de nombreux empereurs, d’Hadrien à Carus, au début du IIIe siècle.

Hadrien mourut en 138 apr. J.-C. à l’âge de 62 ans, à sa villa impériale de Baiae, sur la côte campanienne, sa santé se dégradant progressivement. Son règne de 21 ans fut le plus long depuis celui de Tibère au Ier siècle, et il resterait le quatrième plus long de tous, derrière Auguste, Tibère et Antonin le Pieux, son successeur. Il fut enterré dans le Mausolée qu’il avait fait construire pour lui-même en 139, mais son héritage demeura une question controversée.

L’Empire qu’il laissa derrière lui était sécurisé et culturellement enrichi, et la succession s’était déroulée sans heurts. Cependant, le Sénat restait réticent à le diviniser. Leur relation avec lui demeura tendue jusqu’à la fin. Il fut finalement honoré par un temple dans le Champ de Mars (qui est aujourd’hui utilisé comme la Chambre de Commerce de Rome).

Ce temple était orné de nombreux reliefs représentant des personnifications des provinces de l’Empire, identifiables par leurs attributs iconiques ; le cosmopolitisme d’Hadrien s’y manifestait en marbre. Pour cet empereur voyageur, il n’y avait pas de meilleurs gardiens pour veiller sur son temple.